Benjamin OPPERT...

Le premier jour des auditions pour le casting - une grande première pour moi ! - je suis arrivé en retard.

J'étais dans le hall du Théâtre quand j'ai entendu, au loin, des paroles qui m'étaient familières. L'émotion d'entendre mon texte interprété pour la 1ère fois par des comédiens a été très forte ! J'avais déjà connu cette sensation enivrante quand, en tant que Chef de Cabinet d'un Maire, j'écrivais des discours à la première personne du singulier alors qu'ils étaient lus par d'autres. C'était aussi une relation auteur/interprète. Mais là, évidemment, cette pièce est quelque chose de beaucoup plus personnel.

Moi qui, pendant longtemps, ai endossé le rôle du candidat ou du recruté, j'interprétais désormais le personnage du recruteur.

Le casting a été un véritable défilé : tous les caractères, tous les styles, tous les jeux de comédiens. Le plus amusant, c'était celles et ceux qui déclamaient mon texte - pourtant très moderne - comme s'ils interprétaient Roméo, Juliette ou le Roi Lear !

Une fois la pièce acceptée et programmée par le Théâtre du Nord-Ouest, j'ai rencontré plusieurs metteurs en scène motivés pour s'occuper de ma pièce. J'ai choisi de confier"Entre Père et Maire" à Nathalie Guilmard qui avait travaillé sur des pièces de Shakespeare, Brecht et Marivaux. J'étais donc très heureux qu'elle s'intéresse autant à l'ouvrage d'un jeune auteur inconnu et qu'elle souhaite mettre en scène du Oppert (!).

Très vite, des annonces ont été diffusées afin de trouver des comédiens pour les six rôles. En quelques jours, plus de 500 candidatures nous sont parvenues !

(Demain : le récit du casting !)

J - 3 avant la Première de la pièce. Dernières répétitions, derniers réglages techniques, derniers détails...

Curieusement, je ne me serai pas crû apte à élaborer un scénario, une véritable intrigue, réaliste, plausible sans partir en vrille dans un délire de science-fiction. Mon livre est constitué uniquement par le récit de choses vécues et transcrites.

Or, d'après Jean-Luc Jeener, Directeur du Théâtre du Nord-Ouest, la force et la richesse de "Entre Père et Maire", viennent du fait que la pièce est ancrée dans la réalité d'aujourd'hui. Les personnages sont forts. C'est une histoire qui pourrait vraiment avoir lieu. Je partage son avis et je lui suis très reconnaissant d'avoir donné sa chance à ma pièce.

Jusque là, je n'avais pas songé à écrire du théâtre. D'accord, mon père est comédien, mes parents se sont rencontrés au Cours Simon. Quand j'étais enfant, mon père m'emmenait assister à ses répétitions au Café-Théâtre de la Mare au Diable, à Palaiseau. Mais le théâtre ne m'attirait pas du tout. Je n'appréciais pas l'atmosphère qui se dégageait de ce milieu. Il me paraissait vieillot, poussiéreux avec une odeur dérangeante de naphtaline.

De plus, je ne suis pas un comédien. Mais je voulais m'essayer à un genre nouveau. C'était aussi une façon de faire passer des messages, de communiquer avec mon père dans son langage à lui, dans le domaine qui le touche plus que tout. Lui parler avec ses mots à lui finalement.